Ernst Baltensperger: «Le Conseil fédéral a besoin d’un plan B»
L’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie veulent adhérer à l’UE. La Suisse devrait-elle elle aussi réfléchir à se rapprocher de l’UE? Le professeur Ernst Baltensperger, doyen de la politique monétaire suisse, a répondu en des termes clairs à cette question et à d’autres pour la «SonntagsZeitung». Il salue le fait que le Conseil fédéral reprenne les négociations avec l’UE mais doute qu’elles soient couronnées de succès. «Nous devrions avoir un plan B», estime ce maître à penser de longue date de la Banque nationale. Selon lui, l’accord-cadre a échoué parce que deux de ses éléments clés ne peuvent rallier la majorité en Suisse: la reprise dynamique du droit et la Cour de justice de l’Union européenne. D’après M. Baltensperger, une reprise dynamique du droit est possible pour certaines questions techniques et organisationnelles. «Mais elle ne l’est tout simplement pas partout où, comme pour la libre circulation des personnes, il en va de droits politiques, c’est-à-dire de droits civiques, de droits sociaux, de droit d’établissement (…)» souligne le professeur. Il considère comme «absurde d’attendre d’un État souverain non membre de l’UE qu’il soit prêt à déléguer à Bruxelles sa souveraineté sur les droits civiques et sur l’immigration». En guise de plan B, M. Baltensperger propose – comme avant lui Rudolf Strahm – un accord de libre-échange comparable à celui conclu entre le Canada et l’UE. De plus, nous n’aurions pas à résilier les accords bilatéraux existants. L’UE a selon lui fait beaucoup de bien à l’Europe, sur le plan politique comme économique. «Mais je ne souhaite pas que nous participions au projet politique de l’UE parce que les systèmes politiques et leurs institutions sont tout simplement trop différents en Europe et en Suisse.» En résumé, M. Baltensberger estime qu’ils ne sont pas compatibles.