18. février 2023

Mathias Binswanger: «Oubliez Horizon 2020»

L’UE s’obstine à humilier la Suisse sur un enjeu sensible, celui de l’éducation. Alors que des pays tels que la Tunisie sont affiliés à son programme de recherche «Horizon Europe», la Suisse, elle, est considérée comme un pays tiers non associé. Les recteurs des universités, tout comme les responsables politiques, tirent presque sans relâche la sonnette d’alarme. «Effectivement, la situation est intolérable. Mais pas au sens où l’entendent les recteurs», écrit Mathias Binswanger dans l’hebdomadaire Weltwoche. Ce professeur d’économie politique à la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse est considéré comme l’un des économistes les plus influents de Suisse, selon le classement établi par la NZZ. «Ce qui est intolérable, c’est que la recherche suisse se soit rendue dépendante des subventions de l’UE, s’exposant ainsi à son chantage.» Car la participation au programme de recherche de l’UE constituerait une cage bureaucratique, au détriment d’un véritable travail de réflexion. Pour l’économiste, les chercheurs sont transformés en simples exécutants, chargés d’accomplir des projets dont personne n’attend les résultats. Ce système, qui entend récompenser la qualité, serait en fait une entrave à la qualité. «La science devient un travail de tâcheron, sans aucun esprit!», s’emporte Mathias Binswanger. De fait, avant que la Suisse ne participe à Horizon Europe (2004), de nombreuses universités suisses, dont celle de Zurich, obtenaient de meilleures places aux classements internationaux qu’à l’heure actuelle.