24. novembre 2025

Un expert en douane estime que la Suisse est en meilleure posture seule qu’avec l’UE

Quasiment personne ne s’y connaît mieux en politique commerciale que Simon J. Evenett. Ce Britannique est professeur de géopolitique à l’International Institute for Management Development (IMD) de Lausanne. Dans une interview accordée au quotidien «NZZ», il met en garde contre le fait que l’accord sur les droits de douane conclu avec les États-Unis n’est qu’une «trêve». «Une fois que la Suisse aura payé, elle pourra être amenée à devoir passer plusieurs fois à la caisse», prévient Simon J. Evenett. 

La pression sur l’UE augmente-t-elle?

La Suisse aurait-elle de meilleures cartes à jouer dans cette course au pouvoir si elle faisait front commun face aux États-Unis? «Non», souligne Simon J. Evenett. «Les arrière-pensées qui sous-tendent ces allégations sont évidentes. Il s’agit simplement d’une nouvelle tentative de justifier une adhésion à l’UE. Si les mêmes personnes avaient proposé que la Suisse s’allie à l’UE, au Royaume-Uni, au Japon, à la Corée, au Canada et au Mexique contre les États-Unis, cela aurait été plus crédible.» Il part du principe que l’UE devrait subir «une pression énorme» de la part de Washington ces prochains mois en raison de sa réglementation des chaînes d’approvisionnement, de l’application de ses lois numériques et de la compensation carbone. «La Suisse n’est pas concernée par ces questions. Les droits de douane de 15% actuellement exigés par les États-Unis à l’égard de l’UE pourraient bientôt augmenter considérablement», explique Simon J. Evenett. Il s’attend à une hausse des droits de douane pour l’UE. 

Les États-Unis soucieux de leurs propres intérêts

Pour simplifier, les droits de douane ne diminueraient que si les États-Unis y voyaient un avantage. Même si Donald Trump cédait la place à un démocrate à l’issue de son mandat, la Suisse ne saurait espérer conclure un accord de libre-échange: «Ce serait alors encore pire: regardez Obama et Biden (…)».