04. décembre 2024

Ce que le Conseil fédéral peut apprendre des Dakotas

«Quand tu réalises que tu chevauches un cheval mort, descends-en», auraient déjà dit les anciens Dakotas. Malheureusement, notre Conseil fédéral ignore ce dicton. Sa «solution globale» avec l’UE constitue une «mort-née bilatérale», comme le formule avec pertinence Arthur Rutishauser, rédacteur en chef de l’hebdomadaire «SonntagsZeitung». Mais au lieu de descendre de sa monture, le Conseil fédéral préfère dépenser beaucoup d’argent pour vanter les mérites de ce cheval mort.

Au sein du peuple, rares sont ceux qui comprennent pourquoi la Suisse devrait reprendre automatiquement les dispositions du monstre bureaucratique qu’est l’UE. «On nous permet certes de voter préalablement sur ce sujet – mais il nous est interdit de dire non, sous peine d’amende ou de sanctions», écrit Arthur Rutishauser. Voilà pourquoi la conseillère fédérale Doris Leuthard, toujours à l’écoute du peuple, a eu l’idée d’édulcorer ce paquet impopulaire à l’aide d’un accord sur l’électricité.

Des accords sans aucune valeur

«C’est alors que la pandémie est entrée en scène et les Allemands ont refusé à la Suisse, au mépris de tous les accords de libre-échange, une livraison de masques.» De quoi prouver à tous ce que valent les contrats en situation d’urgence: pas même le papier sur lequel ils sont écrits. Fait aggravant, l’UE a subitement voulu interdire à la Suisse les réserves d’eau nationales. Motif: «En cas d’urgence, cela pourrait engendrer une distorsion de la concurrence.»

Un boomerang nommé «européanisation»

La Suisse a rapidement réalisé que l’«européanisation» des chemins de fer pouvait également se transformer en boomerang. En effet, les retards ont ainsi été importés en Suisse en temps réel – en particulier ceux de l’Allemagne. Voilà pourquoi la partie helvétique tente d’y remédier par le biais de règles strictes en matière de ponctualité, explique Arthur Rutishauser.

Ce qui compte, c’est de «sauver la face»?

Le 20 décembre prochain, le Conseil fédéral montera-t-il malgré tout solennellement sur son cheval mort pour annoncer l’aboutissement «fructueux» des accords avec l’UE? Si tel est le cas, le «mort-né bilatéral» sera soumis au Parlement, puis au peuple. De cette manière, le Conseil fédéral peut sauver la face. Même s’il espère secrètement – probablement comme tout le monde – que le traité sera rejeté.