04. mars 2023

Étude internationale: souveraineté et accès au marché plutôt que subordination à l’UE

La Suisse ne peut-elle connaître la prospérité que si elle cède sa souveraineté à l’UE? La politique européenne de la Suisse agit comme si le mantra «prospérité contre souveraineté» constituait une loi naturelle. Les politiciens suisses spécialisés en politique européenne soulignent à l’unisson avec l’institution bruxelloise que la Suisse n’a pas les moyens de conserver sa souveraineté politique. Une nouvelle étude de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW), de l’Institut de politique économique suisse (IWP) de l’Université de Lucerne et de l’Institut autrichien de recherche économique (WIFO) remet en question cette prétendue logique – et l’assimile à de la superstition. En effet, les citoyennes et les citoyens suisses peuvent continuer à suivre leurs propres règles du jeu, tout en s’ouvrant aux marchés. Dans son impulsion IWP sur la politique européenne de la Suisse, le prof. Christoph A. Schaltegger, coauteur de l’étude et directeur de l’IWP, constate que la formule magique est «un accès au marché plutôt qu’une intégration au marché». Ce qu’il faudrait, pour y parvenir, est une modernisation de l’accord de libre-échange de 1972 – une option à laquelle autonomiesuisse a également fait référence régulièrement.

En matière de chiffres, l’étude «Handelsbeziehungen zwischen der Schweiz und der EU: Quantitative Bewertung unterschiedlicher Szenarien der zukünftigen Zusammenarbeit» (Relations commerciales entre la Suisse et l’UE: évaluation quantitative de divers scénarios de collaboration future) arrive à la conclusion suivante: en cas de modernisation de l’accord de libre-échange de 1972 sur le modèle de l’accord canado-européen CETA, la création de valeur suisse augmente de 1,5%, tandis que les revenus réels progressent de 2,4%. En cas de désintégration complète, en revanche, la création de valeur et les revenus réels diminuent dans une mesure similaire. Si la Suisse s’intégrait entièrement à l’UE, les gains commerciaux seraient théoriquement les plus élevés, mais au prix d’une perte de souveraineté non quantifiable. Au bout du compte, les inconvénients économiques devraient prédominer à long terme. L’étude démontre clairement qu’un accord de libre-échange constituerait une alternative peu compliquée à l’impasse de l’accord-cadre ou de la solution globale. Il générerait ainsi la prospérité sans que la Suisse soit obligée de céder son autodétermination à l’UE. Avec l’accord canado-européen CETA, on disposerait d’ailleurs d’un «plan d’action» concret, argumente Christoph A. Schaltegger dans son impulsion.